lundi 11 mai 2015

Retour de lecture : "Il était une fois en Antarctique" de Malek Boukerchi

Bien construit et positif, on entre dans ce livre simple qui rappelle à quel point l'appréciation de chaque respiration compte.




Lecture sportive, mais pas que. Questionnement intime sur son propre rapport à l'effort et au temps, fascination pour la banquise, toujours. L'ultra marathon te fait rêver depuis très longtemps, dans l'ultra dépassement de soi résiderait la conscience claire du présent via le corps ultra ressenti.

Compréhension profonde de comment tout ça tient ensemble et vit. Respecter son corps, c'est le faire vivre "physiquement". L'expression corporelle (ici presque hors de la compréhension artistique du terme) ou l'accomplissement que tu peux dégager de l'expérience sportive, c'est la conscience lucide et calme de ton corps. "Comprendre la douleur et savoir l'accueillir", réussir une distanciation physique pour supporter et vaincre la résistance, tout en acceptant de vivre cette intimité avec la difficulté, et là, être.




L'expérience de M.Boukerchi exprime à quel point la mobilisation personnelle, la joie dans le rêve, peuvent permettre d'enthousiasmer la personne face à soi.
Au fil des pages, on ressent ce sentiment heureux et fraîchement polaire. Un livre qui fait du bien, qui simplement éveille. Lecture utile et stimulante, où l'effort du corps est une nécessité. Courir pour l'intime, quête temporelle, même hors de la performance. Course méditative, lorsque le résultat réside dans l'effort et la volonté, déjà.



dimanche 3 mai 2015

Retour de lecture: Alain Damasio "La Horde du Contrevent"

Là où fuse le mot fuse la vie, vive intelligence de l’être dans le souffle et l’effort.



Un parcours-univers, des paysages, et des puissances de langage particulières engagent le lecteur dans la découverte d’un monde fictif mais pas impossible.

Justement Damasio évoque un univers où tout semble possible,  une quête de l’infini où chacun se découvre un peu plus au cours du voyage. Lutte continue, corps engagé et lecture presque physique font de cette expérience romanesque une échappée. Les mots tiennent sur le souffle et me suivent même lorsque le livre est fermé. (Je rêve d’Oroshi et envisage une carrière d’aéromaîtresse !) Dans le genre prenant le livre fait le job et tu n’en sors plus, où non tu en sors parce que justement tu ne veux pas que ça se termine, tu l’oublies pas et en rêves. Surprends toi à contrer, pédale contre le vent, pour le vent, vis le. Dans le souffle tu sens que tu es, au présent. Les mots de Sov le scribe sont aussi les tiens. Tu sais que ce livre est important, est un chef d’œuvre, et t’habitera même alors que tu auras accepté de reprendre la lecture et qu’ainsi oui tu auras touché à la page 0, le lieu de départ. Tu l’auras terminé, bouclé la boucle, retour en avant en traversant le monde dans toute sa profondeur, la puissance, et son potentiel de beauté.  

La quête cependant  n’est pas finie, car tu comprends désormais que le mouvement  tu dois le ressentir plus, le laisser exister plus amplement « nous sommes fait de l’étoffe dont sont tissés les vents », laisser largeur à la vie et lâcher prise sans pour autant cesser de contrer. L’effort n’est pas le contrôle, pour autant il est nécessaire et c’est lui qui te fait avancer.

Tu as envie d’en parler là tout de suite, avec tes amies qui elles aussi l’ont lu- intégré-aimé ce bouquin.  A chacun sa horde. On a la nôtre et on la mérite,  on est pour elles ce qu’elles sont pour nous et tu sais très bien que tu existes par toi même, seulement ce n’est possible que parce qu’elles sont toutes là, qu’ils sont tous là.  Cette force vive, humaniste, naturelle, et cosmopolite, désengagée de tout contrôle elle est, elle ne te veut pas de mal, mais il faut qu’elle vive, par contre, comme toi.
Ca frotte et ça joue, et ça réfléchit pas mal sur l’amitié, sur le lien, sur cette étoffe tissée solide et fine à la fois, qui te peuple et qui te permet d’être aussi, de te réaliser, de t’accomplir.


Ecrit sur le vif, ceci n’est pas une chronique de lecture, mais plutôt un aperçu du flux interne qui te traverse lorsque cette lecture accomplie tu décides d’en vouloir encore plus. Tu te délies, nécessité d’être tout en gardant à l’esprit que ta vie au fond c’est un grain de sable, du vent, mais ouai un souffle nécessaire quand même, courageux et éthique.